"Deux cent soixante-dix mille enfants et adolescents sont concernés en France par le dispositif de protection de l’enfance.
Ce dispositif est souvent inefficace et même très nuisible ; il repose depuis des décennies sur deux règles implicites :
• ne pas évaluer les résultats, c’est-à-dire l’état des enfants dont il est supposé favoriser le bien ou le mieux-être ;
• ne pas prendre connaissance des nombreux travaux qui démontrent qu’on peut mieux faire.
De fait, nous ne sommes pas en retard sur d’autres pays… nous sommes sur une voie différente avec une idéologie bien ancrée, hors réalité : celle du maintien du lien familial à tout prix.
Rappelons au passage que ce dispositif coûte au contribuable cinq milliards d’euros par an.
La première partie de ce livre détaille ce que les enfants nous montrent de leur monde interne quand on les écoute. Le deuxième décrit les dispositifs mis en place pour leur permettre de penser, de parler, de progresser. La troisième analyse les raisons profondes de l’échec de notre système de protection de l’enfance, et tente d’expliquer comment on peut et on doit améliorer ce dispositif.
Ce dispositif est souvent inefficace et même très nuisible ; il repose depuis des décennies sur deux règles implicites :
• ne pas évaluer les résultats, c’est-à-dire l’état des enfants dont il est supposé favoriser le bien ou le mieux-être ;
• ne pas prendre connaissance des nombreux travaux qui démontrent qu’on peut mieux faire.
De fait, nous ne sommes pas en retard sur d’autres pays… nous sommes sur une voie différente avec une idéologie bien ancrée, hors réalité : celle du maintien du lien familial à tout prix.
Rappelons au passage que ce dispositif coûte au contribuable cinq milliards d’euros par an.
La première partie de ce livre détaille ce que les enfants nous montrent de leur monde interne quand on les écoute. Le deuxième décrit les dispositifs mis en place pour leur permettre de penser, de parler, de progresser. La troisième analyse les raisons profondes de l’échec de notre système de protection de l’enfance, et tente d’expliquer comment on peut et on doit améliorer ce dispositif.
Un livre lu pour ma formation et du coup ma vie professionnelle. Un livre assez négatif est plombant mais on le comprend. Il l'as fait, il l'as dit, il nous fait réfléchir et c'est ce qu'il nous faut, à nous futurs professionnels ou professionnels !
Précision : Je vais parler de ce qui est dit dans le livre, ce sont des faits, des données issues d'expériences de psychologues, de données statistiques etc.. Qui attestent des phénomènes observés.
Etant donné que c'est un livre que j'ai lu pour les cours, j'ai sauté des passages qui ne me parlaient pas forcement, des parties qui évoquaient des choses déjà dites en cours ou dans mes autres lectures. Donc, lecture rapide, car sélective.
Maurice Berger est chef de service en psychiatrie de l'enfant au CHU de Saint Etienne, psychanalyste et est reconnu, internationalement, pour ses travaux.
Il nous parle du fait que le système de la protection de l'enfance en France peut être qualifié comme défaillant et on pourrait même dire qu'il va parfois à l’opposé d'un principe, que pourtant, il incarne, devrait incarner : "La protection".
Peut-on parler de protection lorsqu'un enfant est mis en difficultés de façon répété lors de Visites Familiales Médiatisées ? Et qu'il peut mettre plusieurs jours à s'en remettre (ce que les équipes éducatives voient clairement : troubles du comportement, angoisses, vomissements, crispassions, insomnies ..)
Dans un premier temps il nous expose des situations de prise en charge en protection de l'enfance et nous donne les décisions prises par l'équipe éducative, les apports des médecins, psy', ainsi que la décision des juges lorsqu'il s'agit d'une mesure judiciaire.
Il nous parle des phénomènes que l'on observe chez un enfant en situation de maltraitance (qu'elles soient psychologiques ou physiques, ou même les deux, ce qui n'est pas rare du tout ..). La honte qu'a l'enfant et le fait de vouloir se "sacrifier" en se mettant entre ses deux parents par exemple pour éviter qu'ils se tapent dessus. En se porte en véritable martyr avec le souhait réel de les "protéger".
On nous parle de la sphère scolaire. Comment l'enfant s'y sens, ce qu'il y fait, ses difficultés (par l'hyperactivité pour certains, ou encore le fait qu'ils soient hantés par des images mentales en rapport avec les actes de maltraitances qui les terrifient, qu'ils ne comprennent pas ..) ou au contraire ses grandes aptitudes scolaires (en effet les enfants dans ces situations peuvent avoir une sorte de "capacité" à séparer véritablement les deux sphères famille/école et ne rien laisser transparaître par rapport à une quelconque maltraitance.).
On nous dis aussi que l'aide à la parentalité oui c'est bien, c'est positif, c'est dans le but que l'enfant retourne dans sa famille, que ses parents apprennent, comprennent leurs problèmes avec leur enfant. Sauf que parfois, l’obstination des professionnels peut être clairement considérée comme une maltraitance envers l'enfant accompagné.
En effet, parfois, les "chances", les possibilités ont été données, on voit que les "comportements éducatifs inadéquats" reviennent toujours et pour le bien de l'enfant il faut pouvoir poser l’acte de dire : maintenant ça suffit, ça peut pas marcher.
Surtout si l'enfant en question est déjà en famille d'accueil et que ça se passe bien. La protection est pour qui ? Les parents ou l'enfant ? "Qui sont les gagnants?"
Après le but est de dire aux parents que c'est dans l’intérêt de l'enfant, de leur enfant, que nous travaillons et que notre mission est de veiller à son bien-être pour que son développement se fasse bien et qu'il puisse aspirer à une vie par ses propres moyens au regard des ses compétences et capacités qui lui sont propres.
Parfois le maintien dans la famille n'est pas favorable et ne le sera peut être jamais. Il en est de même pour le "placement" des enfants dans la famille dite "élargie" qui s'avère (toujours d'après le livre, basés sur des statistiques dont les sources sont citées en annexes) pour 95% des cas : une catastrophe et du coup un échec pour l'enfant.
Nous en tant que professionnels nous devons "permettre à l'enfant de s'engager [...] dans une relation fiable, résistante, attentive, avec une personne adulte. L'enjeu est alors que l'enfant puisse vivre un lien satisfaisant, expériences qu'il pourra ensuite "tranférer" vers d'autres personnes." p 97
En étant là, dans l'écoute, l'accompagnement vers du positif mais pas que ! En effet comme nous le dit Maurice Berger page 105 : il est nécessaire que l'enfant puisse vivre des moments de désespoir, de tristesse, MAIS dans l'accompagnement !
J'ai trouvé intéressant la réflexion faite que : l'enfant a aussi besoin de moments de "repos" où on ne lui parle pas de son histoire, ses angoisses, ou même sa journée ! Mais juste être là à côté de lui pendant qu'il dessine par exemple. (p 107)
Pour finir le psychanalyste nous dit que les professionnels dans ces situations "décisionnelles" finalement de "l'après" de l'enfant prennent position sans repères, parfois, à l'aveugle en suivant leurs états émotionnels, certes parfois en prenant appui sur leurs expériences, MAIS on sens le manque de formation des équipes sur ces problématiques (en terme de psychanalyse, de recherches, lectures etc..) Les savoirs sont parfois pauvres (on peut mettre en causes la question des rythmes, du manque de personnel, l'usure .. Mais rien ne s'excuse (avis personnel).)
Il ne faut jamais oublier que nos décisions ont des retombées et peuvent avoir un impact parfois irrémédiable.
J'ai beaucoup aimé à la fin du livre le petit encadré "Quize conseils pour tuer un psychisme d'enfant" (p 205) qui nous dit avec ironie et cynisme, par exemple : "4. Ne jamais évaluer les résultats de vos décisions." ou encore "11. Rappeler sans faiblesse que seuls les liens que l'enfant établit avec ses vrais parents biologiques naturels ont de la valeur à ses yeux."
Et je conclurais en le citant : "La protection de l'enfance en France est actuellement onéreuse, peu efficace, elle "produit" beaucoup trop d'enfants déficients intellectuels et/ou violents, qui ont très peu de capacité d'être heureux, peu d'autonomie, et qui sont définitivement à la charge de la société.C'est un gigantesque bateau, ruineux à défaut d'être luxueux, sur lequel certains passagers tiennent un cap qui ne mène nulle part ; certains soucieux essentiellement de leur pouvoir, cherchent surtout à commander ; d'autres se trouvent assez bien nourris et attendent l'escale qui signe la fin de leur voyage pour débarquer ; d'autres encore voient leur bonne volonté d'étioler dans ce voyage délétère, et ont envie de sortir de ce périple absurde mais n'arrivent pas à renoncer à donner sens à cet irrémédiable gâchis ou à laisser tomber les enfants dont ils ont la charge ; il y en a qui éprouvent de la honte." p 209
En bref, un livre aux apports vraiment intéressants au niveau professionnel et qui gagne à être parcouru et lu même si ça met un sacré coup au moral : y a un moment où faut voir les choses comme elles sont et regarder un peu du côté de ce qui "coince" ! Ce qui là, va bien au delà du fait de juste "coincer" ..
Je pense éventuellement le relire en plus approfondi un fois en poste. Histoire de remettre tout ça au goût du jour et y réfléchir en étant sur le "terrain" comme on dit.
"Ceux que la situation des enfants n'empêche pas de dormir. Ceux là ne changeront jamais le métier." (p 208)
Ma note Babelio : 3/5
Bonjour. Merci pour cet article sur ce livre, qui résume bien les choses. Je suis actuellement en formation et je dois réaliser une fiche de lecture sur la 2 eme édition de cet ouvrage...
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