lundi 10 novembre 2014

Mes Hommes, Malika Mokeddem



" J'ai quitté mon père pour apprendre à aimer les hommes, ce continent encore hostile car inconnu. Et je lui dois aussi de savoir me séparer d'eux. Même quand je les ai dans la peau.
J'ai grandi parmi des garçons. J'ai été la seule fille de ma classe de la cinquième à la terminale. J'ai été la seule pionne dans l'internat au milieu des hommes... Je me suis faite avec eux et contre eux. Ils incarnent tout ce qu'il m'a fallu conquérir, pour accéder à la liberté. "

Une lecture à laquelle j'avais accroché, un sujet poignant et intéressant mais qui m'as assez vite lassée, pour cause du format témoignage ..


On entame le livre avec une écriture très rhétorique aux allures de slam parfois. L'auteur joue avec les mots et leur complexité.

D'emblée on sens une haine, un sentiment fort d'injustice qu'a l'auteur en racontant son histoire. De incompréhension, des souffrances et de la peine. La peine d'être une "fille" dans une famille Algérienne qui, elle, n'a d'yeux que pour ses fils et futurs fils.
On parle de la Culture Algérienne, de la place et du rôle de la Femme et de l'Homme dans les famille entant que parents, enfants. Qui domine qui et pourquoi ? (n'être "que une fille")

On parle de relation père-fille. Du manque d'emprise que Malika avait à l'égard de sa vie d'enfant, d'élève et même de future femme. Mais aussi de non-dits, de l'éloignement et du fossé émotionnel et relationnel qui se tisse au fil des années et qui au bout du livre et du témoignage que Malika nous offre, ne semble pas s'être dénoué malgré le fait que Malika a tout de même revu son père.

On parle d'amour, de l'amour d'un père que Malika cherche, peine à trouver, ne trouvera sans doute jamais ou bien sous conditions .. L'amour pour "la fille" ( la fille de la mère et pas la fille du père. Comme elle le dit lorsqu'il parle de ses filles il dit " tes filles" à sa mère et lorsqu'il parle de ses fils il dit "mes fils".)

Malika nous parle de la recherche constante qu'elle a eu tout au long de sa vie, de son identité de fille, puis de femme mais surtout de personne à part entière.  C'est avant tout et surtout un témoignage de femme et de lutte pour revendiquer sa féminité et s'affirmer entant que personne ! Une histoire d'émancipation par l'amour, par ses ambitions (travail), pour être quelqu'un.

Ce qui m'as intéressé dans ce témoignage c'est aussi ce dégoût qu'elle nous conte à un moment du livre. Un dégoût de son pays, de sa culture, des odeurs, de la cuisine, des coutumes. Comme un rejet d'où elle vient, elle renie toute cette culture .. Pour finalement y revenir, timidement en préparer des plats comme là-bas .. Elle renoue avec ses racines qui au fond, la constitue malgré tout.

On parle aussi de la différence de culture entre la France et l'Algérie, on évoque la place de "l'étranger" en France et son ressenti par rapport à cette place.

Mes hommes compte plusieurs chapitres qui nomment différents hommes qu'elle a rencontré et avec qui elle a vécu, passé du temps, été émue, dans sa vie tel que "le Français qui me fait la cuisine" etc .. J'ai beaucoup aimé ce principe.
Tout le témoignage tourne autour de cela, de "ses" hommes. Comme une manière de conjurer le sort. Son père, un homme qui l'a brisé, en un sens obligé de quitter son pays, ses hommes qui voient la femme comme une femme conceptrice, qui s'adonne à soulager leur désirs, cette femme qui s'occupe de "leurs" enfants. Malika semble avoir pris pour atout positif le fait de nommer ces hommes, de les reconnaître et de narrer ses histoires avec eux en son sens à elle.
Où c'est elle qui raconte et qui tiens son destin en mains et pas le contraire. A méditer.

Elle nous parle donc souvent et longuement de ses conquêtes amoureuses, de ses relations, de ses déceptions et joies à travers une découverte de son corps, d'elle-même, de son être, un être qu'elle contrôle et dont elle est seule maître.

Ce Témoignage m'as touché, m'as porté mais j'ai malheureusement quitté le bateau au milieu du livre. 
Un sensation que les choses se répètent, qu'une longueur s'installe et le sentiment que l'important à été dit, à mon sens. J'ai eu du mal à finir ma lecture mais voulais quand même y fait honneur et ne pas m'arrêté là. Les témoignages c'est quelque chose d'assez personnel et auquel j'accroche souvent au premier abord puis que j'ai du mal à poursuivre.

Cependant je salue largement l'auteur qui m'as fait vivre le temps d'un livre son histoire et qui m'as émue entant que femme car les sujets qu'elle abordent ne sont pas si loin du rapport Homme/Femme en France, malgré des différences culturelles bien sur et une législation différente (Sans oublier de re contextualiser en terme d'époque).

Gardons à l'esprit que le respect c'est de l'un à l'autre et de l'un pour l'autre et que l'on soit un Homme ou une Femme chacun à sa place là où il souhaite la prendre.

"Oui, j'ai de l’ambition et sans doute quelques prétentions pour l'avenir. La rage, l'arrogance nécessaires pour les défendre. Je n'ai que ça. Je m'époumone à les maintenir gonflées à bloc. A m'y accrocher pour résister à l'attraction des gouffres." p 31

Ma note Babelio : 2/5

2 commentaires:

  1. Voilà, j'ai luuu le livre, j'ai lu ta chroniquuue
    Je te rejoins beaucoup même si au final son côté femme frustrée dans son "sexe" m'a ennuyé, elle revendique sans cesse d'être une femme, d'être l'égale de l'homme etc et en même temps je ne la sens pas heureuse dans sa féminité, ce paradoxe m'a vraiment interrogé !

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