mardi 9 juin 2015

Contrecoup, Nathan Filer

" Je vais vous raconter ce qui s'est passé, parce que ce sera un bon moyen de vous présenter mon frère. Il s'appelle Simon. Je pense que vous allez l'aimer. Vraiment. Mais dans quelques pages il sera mort. Et il n'a plus jamais été le même après ça." Matthew a 19 ans, et c'est un jeune homme hanté. Hanté par la mort de son grand frère, lors de vacances à la mer, dix ans auparavant. Hanté par la culpabilité. Hanté par la voix de Simon qu'il entend partout, tout le temps : dans le bruissement des feuilles des arbres, dans le crépitement des bougies d'anniversaire, dans le murmure de la marée... Dernier lien qui l'unit au frère disparu pour Matthew; "allucinations de commande", disent les médecins. Matthew a 19 ans et il souffre de schizophrénie, une maladie qui " ressemble à un serpent ". Pour comprendre son passé et s'en libérer enfin, Matthew écrit, dessine, jette ses pensées sur le papier, tente de remonter le fil du temps. Il raconte l'enfance étouffée par la perte, la douleur silencieuse de ses parents; l'adolescence ingrate brouillée par les nuages de marijuana; la lente descente dans la folie, l'internement... Mais aussi, avec un humour mordant, le quotidien parfois absurde et toujours répétitif de l'hôpital psychiatrique – "Je vis une vie faite de copiés-collés", les soignants débordés mais qui font de leur mieux, l'ennui abyssal : " il n'y a littéralement rien à faire "... Et le combat sans cesse renouvelé pour apprivoiser la maladie, et trouver enfin sa place dans le monde. Bouleversant, tourmenté, souvent drôle, Contrecoup est avant tout baigné d'une profonde humanité. C'est un roman déchirant, tendre et courageux, porté par une voix absolument unique.

Un livre dont je n'arrêtais paaaas d'entendre parler ! Il FALLAIT le lire c'était irrésistiblement tentant ! 

Au début du livre je trouvais qu'il était difficile de savoir quel âge avait Matthew. On passait du passé au présent parfois et je m'y perdais un peu. J'avoue ne pas avoir été terriblement concentrée au début de ma lecture donc bon haha c'est peu être pour ça !

Au début Matthew ne nomme pas directement sa maladie, elle n'est que suggérée et ne finie par être nommée qu'a la page 273 ! J'ai trouvée ça appréciable, comme contrairement au très connu "Nos étoiles contraires" on ne commence pas d'emblée avec la question de la maladie et elle n'est pas au centre de l'histoire ! Là c'est Matthew qui est au centre de l'histoire, Matthew ET sa maladie ! Et non Matthew qui est malade. J'aime beaucoup cette approche.

J'ai adoré le travail de "Creative Writing" de Nathan Filer. Des dessins, des polices d'écriture différentes, des mots, des phrases qui se baladent sur les pages... J'ai trouvé ça vraiment excellent et ça m'as donné envie de lire d'autres livres de ce type ! Le genre de livre qu'on veut avoir pour soi !

Petite aparté "Éducative" (Pour ce qui ne le savent pas je suis en formation d’éducatrice Spécialisée) j'ai Ado-ré l'approche qu'a eu le policier qui interroge Matthew page 294. - Parenthèse fermée.

Pour finir j'ai beaucoup aimé l'approche que "Matthew" a eu avec l'écriture, comme une thérapie pour faire le deuil de son frère, comprendre, se comprendre, revenir sur tout ce qui s'est passé. (Pour ceux qui apprécient ce type d'écriture : jetez vous sur "Rien ne s'oppose à la nuit" de Delphine de Vigan - ma chronique ici !) A tel point que j'avais l'impression que c'était Matthew lui même qui écrivait et pas un auteur ! Il nous parle à nous directement est ça nous aspire.

Pour les Éducateurs, Infirmières ce livre est très intéressant à lire vis à vis de la façon de traiter les personnes en proie à la schizophrénie. Ce livre va au delà d'un roman. Il nous sensibilise également énormément au quotidien en hôpital psychiatrique et a cette routine pesante qui s'y creuse.



"Lire, c'est un peu comme halluciner." p 125

"Le service comptait dix-neuf lits, et quand des patients partaient, d'autres arrivaient : c'était l'hôtel le plus loufoque au monde." p 230

" J'ai compté : trois mugs, un tapis de souris, un lot de stylos, deux blocs de Post-it et l'horloge murale -tous arborant des noms de médicaments différents. C'est comme d'être en prison et d'être obligé de mater de pubs pour des putains de serrures..." p 264


Note Babelio : 4/5

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